A partir de 1930, en Union Soviétique,
l'état a systématiquement contrôlé les activités
de ses compositeurs. Toute une génération d'entre eux ; Chostakovitch,
Prokofiev, Kabalevski, Katchatourian, a été l'objet de pressions
idéologiques extrêmement vives.
Ainsi ce n'est qu'avec la guerre que ces compositeurs, paradoxalement, purent
exprimer leurs sentiments les plus profonds à travers leurs musique.
Si un compositeur russe à qui on demande de décrire les atrocités
infligées par Hitler compose en pensant à Staline, qui peut l'accuser?
Voilà bien la clé de lecture de de la septième symphonie
de Chostakovitch ou de la seconde de Katchatourian.
Ceci étant dit, Katchatourian n'est pas russe mais arménien. Ce
qui fait la caractéristique la plus remarquable de sa musique qui puise
au folklore de la terre natale et s'en nourrit.
Aram Katchatourian est né à Bitlis (Tbilissi) en 1903. Il commença
ses études musicales très tard à l'age de 19 ans, mais
suivit rapidement les cours du conservatoire de Moscou avec Miaskosky
et Vassilenko. Dés les premiers rudiments acquis, il écrivit ses
premières compositions. Il acquit une large popularité en Union
Soviétique en très peu d'années, son premier grand succès
étant sa symphonie en 1934. Décoré de l'ordre de Lénine,
il remporta deux fois le prix Staline. Sa musique, bien qu'au service de l'idéologie
et étroitement contrôlée par le parti s'inspire des mélodies
traditionnelles et emprunte à l'art des achougs.
Gayaneh,
deuxième ballet du compositeur, fut écrit un an avant la deuxième
symphonie et il est intimement lié à la terre natale du compositeur.
L'histoire s'y déroule d'ailleurs. Bien qu'elle développe une
intrigue pompeusement patriotique (pro russe bien sur) et d'une grande pauvreté
dramatique, on sent au delà de l'oeuvre de commande, et du côté,
des notes un fervent hommage à l'Arménie.
L'extrait que vous pouvez écouter ici ne peut être
que de sensibilité arménienne. Ecoutez le plusieurs fois.*
* deuxième mouvement dirigé par Katchatourian lui même.